Le printemps est là…

Drainer son cheval ou pas ?

Un cheval palomino mange un chardon-Marie dans un champ ensoleillé.

Avec l’arrivée du printemps, nombreux sont les propriétaires de chevaux qui pensent au drainage. Cette pratique est souvent présentée comme une nécessité après l’hiver, pour « nettoyer » l’organisme et éliminer les toxines. Mais est-ce réellement utile ? Et surtout, peut-il y avoir des effets négatifs ?

Qu’est-ce qu’un drainage ?

Le drainage consiste à stimuler les organes d’élimination du cheval (foie, reins, intestins, peau) pour l’aider à évacuer les toxines accumulées. Les produits drainants sont souvent composés de plantes comme le pissenlit, le chardon-Marie ou l’artichaut, reconnues pour leurs propriétés détoxifiantes.

Le drainage est souvent recommandé après l’hiver pour « relancer » l’organisme du cheval, notamment après une période d’alimentation plus riche (granulés, …) et une activité physique parfois réduite. L’idée est d’aider le foie et les reins à éliminer les déchets accumulés.

 Il peut être préconisé :

  • Après un traitement médicamenteux (vermifuge chimique, antibiotiques, …)
  • En cas de pathologies chroniques qui sollicite les émonctoires
  • Pour accompagner une transition alimentaire

Dans la plupart des cas, le corps du cheval sait très bien gérer l’élimination des déchets, à condition qu’il soit en bonne santé et que son mode de vie soit adapté : alimentation adaptée, hydratation, mouvement et absence de stress.

Un troupeau de chevaux broute paisiblement dans un champ couvert de pissenlits sous un ciel bleu.

LE DRAINAGE : UNE FAUSSE BONNE IDÉE ?

Si drainer peut sembler bénéfique en théorie, il faut savoir que cette pratique n’est pas anodine et peut même être contre-productive.

  • Le corps du cheval sait se réguler seul : le cheval dispose de ses propres mécanismes d’élimination. Les organes d’élimination fonctionnent en permanence. Si le cheval est en bonne santé, il n’a pas besoin d’un drainage artificiel.
  • Un drainage mal adapté peut fatiguer l’organisme : stimuler excessivement le foie et les reins peut entraîner une fatigue métabolique, surtout chez un cheval déjà affaibli, âgé ou en convalescence. En sur-sollicitant le foie et les reins, on risque de les épuiser au lieu de les aider.
  • Un drainage inadapté peut déséquilibrer la flore intestinale : certaines plantes drainantes ont aussi un effet sur le système digestif, pouvant perturber l’équilibre intestinal du cheval.
  • Les drainages du commerce comportent souvent trop de plantes : de nombreux mélanges tout prêts sont souvent composés de 10, voire plus, de plantes différentes. On pourrait penser que « plus il y a de plantes, plus ce sera efficace » ; en réalité, c’est tout l’inverse. Mieux vaut choisir la ou les plantes les mieux adaptées à la situation.

QUAND ET COMMENT BIEN DRAINER SON CHEVAL ?

Le drainage n’est pas nécessaire pour tous les chevaux et doit être envisagé avec précaution.

Quelques recommandations :

  • Observer son cheval : un cheval en forme, avec un bon transit, une belle robe et une énergie stable, n’a pas besoin d’un drainage.
  • Prendre en compte l’état de santé : un cheval fatigué, âgé, convalescent ou sujet aux troubles digestifs pourrait mal supporter un drainage.
  • Privilégier une approche douce : plutôt que des cures intenses, on peut soutenir le foie et les reins par une alimentation adaptée (foin de qualité, herbe variée), une hydratation suffisante et une activité physique régulière.
  • Demander conseil à un professionnel : avant de donner un complément drainant, mieux vaut consulter un naturopathe équin ou un vétérinaire qui pourra vous guider en fonction de l’état de votre cheval.

ALORS, FAUT-IL DRAINER SON CHEVAL AU PRINTEMPS ?

Avant de sortir de votre armoire la bouteille de drainage, posez-vous les bonnes questions :

👉 Mon cheval présente-t-il des signes de surcharges ? (poil terne, perte d’état inexpliquée, urines foncées, …)
👉 Mon cheval a-t-il reçu un traitement médicamenteux ou un vermifuge récemment ?
👉 Son mode de vie lui permet-il d’éliminer naturellement ? (accès à une alimentation adaptée, eau propre, mouvement quotidien, absence de stress chronique)
👉 Ses besoins de base sont-ils optimisés ?
👉 Est-ce que la composition du produit est bonne ?

Dans la plupart des cas, un cheval bien suivi, vivant dans un environnement adapté, n’a pas besoin de drainage saisonnier. Si vous avez un doute, mieux vaut consulter un professionnel avant de donner un produit même s’il est naturel.

Un cheval haflinger montre ses dents en s’apprêtant à manger un pissenlit tendu par une main humaine.

Drainer son cheval au printemps ne devrait pas être un automatisme. Chaque cheval est unique, et son organisme sait généralement très bien se réguler seul, à condition de bénéficier d’un mode de vie adapté. Avant de drainer, il est essentiel de se poser la question : mon cheval en a-t-il vraiment besoin ? Une approche plus naturelle, basée sur l’observation et l’adaptation des soins au cas par cas, sera bien plus bénéfique sur le long terme.